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Les Prescriptions Littéraires de Ludie
16 février 2020

Un Palais d'Epines et de Roses - Sarah J. Maas

 

Un-Palais-d-epines-et-de-roses

" - Réjouissez-vous de posséder ce cœur humain, Feyre, répondit-il enfin. Et plaignez ceux qui ne ressentent rien."



Titre original : A Court of Thorns and Roses
Origine : Américaine
Editions françaises : La Martinière Jeunesse
Date de publication : 2017 (Fr)
Genre : Fantasy ; Jeune Adulte

Note : 3,5/5

Étiquettes : romance ; conte; mystère ; malédiction ; magie

Résumons, mes bons !

En chassant dans les bois enneigés, Feyre voulait seulement nourrir sa famille. Mais elle a commis l'irréparable en tuant un Fae, et la voici emmenée de force à Prythian, royaume des immortels.
Là-bas, pourtant, sa prison est un palais magnifique et son geôlier n'a rien d'un monstre. Tamlin, un Grand Seigneur Fae, la traite comme une princesse.
Mais quel est ce mal qui ronge le royaume et risque de s'étendre à celui des mortels ?
A l'évidence, Feyre n'est pas une simple prisonnière. Mais comment une jeune humaine d'origine aussi modeste pourrait-elle venir en aide à de si puissants seigneurs qu'elle déteste de tout son être ?
Sa liberté, en tout cas, semble être à ce prix.

L'avis personnel…

Je ne ferais malheureusement pas partie de l’engouement autour de cette saga même si je peux comprendre qu'elle puisse autant produire d'effet et de contentement.

Personnellement, je n'ai pas trouvé l'histoire très passionnante, ce qui est sans doute dû au fait que ce soit une réécriture de la Belle et la Bête et de Tam Lin. Du coup ce premier tome était très prévisible. Dès lors, les histoires de malédiction ou les mystères cachés n'en sont plus vraiment. Bien que la fin clôture plus ou moins le conte initial, il peut être intéressant de voir ce que donne la suite. Comment les choses vont évoluer et vers quoi l'auteure va tendre hormis une guerre.
Cependant, ce qui m'a vraiment insupporté dans ce roman, ce sont Feyre et les horribles répétions qu'on retrouve toute la première moitié du roman.

L'héroïne m'a énormément fait penser à Katniss, de Hunger Games, mais en moins élaborée et moins crédible. Tandis que la seconde apprend l'art de la chasse grâce à l'aide de son père pendant des années, la première devient une grande chasseresse en observant... Oui, en observant. Sans se blesser, sans se faire attaquer par des bêtes sauvages ou voler ses proies par d'autres chasseurs. Elle observe de LOIN, mais réussi dans le domaine sans grande difficulté. Non, ce n'est absolument pas crédible. Puis c'est sans compter ses actions irréfléchies et très souvent égoïstes. Elle agit mal, en a conscience, mais prétextera toujours la même excuse : c'est une mortelle. Comme si cela justifiait la méchanceté gratuite envers ceux qui nous traitent bien malgré notre statut de prisonnière. Ça justifiera néanmoins et en l’occurrence les pensées/répliques méchantes, l'espionnage, les mensonges et les trahisons. Super l'image de l'héroïne qu'on donne à la jeunesse en faisant passer ça pour un côté rebelle. On ajoutera d'ailleurs qu'elle passe son temps à se plaindre lorsqu'elle ne regardera pas de haut les autres Fae.
Ce qui m'amène au second gros défaut du roman : les répétitions. Notamment sur les différences entre les Grands Fae et la « pauvre » mortelle qu'est Feyre. Elle le ressasse toutes les pages. Ô quelles créatures dangereuses, ô ces mangeurs d'humains, ô qu'ils ne savent rien de la vie de mortel, ô créature capable de tuer des monstres surgis de cauchemars, ô nous ne valons pas mieux que des porcs pour eux, etc. Lassant après 150 pages. Littéralement, 150 pages ! Vraiment, ça apparaît quasiment toutes les deux pages, voire toutes les pages ! Et surtout au lieu d'attiser la crainte, ou le dégoût, ça en devient juste risible autant d'insistance. Il y a aussi durant la moitié du roman beaucoup de répétitions sur le fait que Feyre veut s'échapper, que sa famille a besoin d'elle, qu'elle n'y peut rien d'être froide, etc. Le roman gagnerait facilement une centaine de pages en moins si on supprimait toutes ces répétitions qui n'apportent rien sauf de grosses lourdeurs.

Après, oui, le roman est assez addictif. Malgré les gros défauts et le côté attendu, l'histoire se lit bien. La réécriture du conte est bonne et je trouve que la légende de Tam Lin est parfaitement bien insérée dans l'intrigue. Et arrivé à la moitié du roman, on monte crescendo dans le rythme et les rebondissements, et il y avait de quoi tenir son lecteur en haleine. J'avoue que j'ai eu du mal à plaindre Feyre car je pense sincèrement que tout ce qu'elle fait comme choix est juste illogique ou égoïste, mais ça prend bien. Puis bon, je pense que c'est Rhysand qui a fait gonfler la note, parce que même si le méchant garçon qui est en fait un bon garçon est un topos souvent repris, là, le personnage a l'air bien intéressant et pas manichéen. J'aime ça, du coup, faible femme que je suis, je tenterai à nouveau l'expérience avec le second tome. Histoire de voir si le tout s'améliore.
Et retrouver Rhysand, accessoirement...

Des atouts ?

Plus on avance dans le récit, plus il y a une accoutumance qui point le bout de son nez. L'histoire devient addictive et les chapitres s'enfilent tout seuls. Pourtant le livre en lui-même est un bon bébé de presque 600 pages, en grand format. Je maintiens qu'on aurait pu gagner 100 pages si on enlevait toutes les répétitions et les évidences qu'énumère Feyre alors que le lecteur les avait tout à fait déjà compris.
La dépendance à l'intrigue s'accentue avec le dernier tiers du roman. Il y a beaucoup plus d'actions, avec de vraies épreuves à endurer pour l'héroïne et quelques horreurs assez réalistes pour relever le niveau un peu fleur bleue des deux premières parties. Qu'on apprécie ou pas Feyre, le lecteur est tenu en haleine et excité d'en savoir plus. On vit avec elle les défis mais aussi les choix assez cornéliens à faire. On s'interroge sur ses forces, sa volonté, mais surtout les conséquences que cela va provoquer. Et c'est ça qui donne particulièrement envie de lire la suite de la saga.
Puis comme évoqué plus haut, le personnage de Rhysand entre en scène et change beaucoup les choses. Élément perturbateur ou solution aux problèmes, on vacille, on hésite, on cherche à comprendre. Il fascine par sa manière de procéder et sur l'absence de manichéisme qu'on a souvent tendance à voir dans les romans jeunesses. J'ai donc hâte de le revoir dans les prochains tomes.

Des défauts ?

Feyre que je n'ai absolument pas trouvé attachante comme on aura pu le comprendre précédemment. Nullement besoin de s'étendre dessus mais c'est toujours dommage d'autant rejeter une héroïne qui est présente à tout les instants de la lecture...
Forcément, je reviens sur les répétions qui ont rendu le récit vraiment long et ardu à parcourir. Pour de la fantasy c'est pas génial parce qu'il faut déjà assimiler le nouveau monde, la magie et les enjeux, alors lorsqu'il faut en plus batailler dans sa lecture avec de nombreuses réitérations, c'est tous simplement insupportable.
L'absence des Faes, dans le sens où on n'en retient que trois ou quatre d'entre eux, fait également partie du manque de crédibilité de l'histoire. Feyre vit dans un palais, mais on ne parle toujours que d'Alis, Lucien et Tamlin. Même lorsqu'elle en rencontre de nouveau, il n'y a pas de description ni même un petit nom de donné. Ils sont tous des figurants ce qui fait que dès lors où on a une concentration sur un nouveau personnage, on sait d'ores et déjà qu'il sera important pour l'intrigue. Tout est faussé et facile à prédire...
Le dernier point négatif concerne l'écriture. Je ne sais pas si c'est dû à l'édition, le traducteur ou l'auteure elle-même, mais c'est lourd. Les phrases sont parfois compliquées et étrangement formées. Pourtant je suis assez bonne lectrice mais j'avoue que pour un Palais d’Épines et de Roses, je suis souvent revenue sur certains passages parce que j'avais eu l'impression de manquer quelque chose.

Spoilons !

Passez votre chemin si vous n'avez pas lu le roman ! Vous pouvez aller directement au point suivant si cela vous intéresse.

La fin, bien que prévisible car est la conclusion d'un conte et d'une légende déjà connus, est assez bien menée. Le fait que se soit Rhysand et Feyre qui permettent de tout arranger au prix de grands sacrifices, particulièrement d'une partie d'eux-mêmes, en font des bonnes âmes sœurs mais surtout rappelle une réalité qu'on côtoie malheureusement trop souvent : parfois certains choix horribles peuvent être le seul moyen pour mettre fin à une situation néfaste. Et bien que je sois tout à fait contre l'adage qui veut que la fin justifie les moyens, Sarah J. Maas permet de comprendre les choses même si elle nous oblige pas à y adhérer. J'ai vraiment aimé tout ce qui s'est passé sous la montagne même s'il y a deux ou trois choses qui me semblent inutiles, comme par exemple d'avoir paradé Feyre à toutes les soirées et que cette dernière accepte alors que le marché avec Rhysand devait prendre effet après les épreuves...

Allons un peu plus loin…

Il me semble voir la plupart du temps qu'un Palais d’Épines et de Roses est la réécriture de la Belle et la Bête. C'est tout à fait vrai, vu que c'est reconnue par l'auteure elle-même. Mais je voulais juste revenir rapidement sur l'autre histoire qui m'a fait faire un rapprochement avec le roman.
Je ne parlerai pas des passages qui semblent faire échos à Twilight ( après les épreuves) ou Hunger Games ( Katniss, l'hommage des doigts, etc) ni à Cendrillon, mais à Tam Lin.
Vu l'évidence des noms qui se renvoient l'un et l'autre, ce n'était pas un secret. Cependant, la légende écossaise n'est pas très connue alors autant rappeler aux lecteurs que Tamelin fait entièrement référence à cette vieille légende. Après, je ne sais pas si elle a également inspiré le conte de la Belle et la Bête, il y aurait matière à creuser. En tout cas il est bon de se souvenir que cette balade légendaire a pour héros Tam Lin, un homme emprisonné par la reine des Fées et qui est sauvé par l'amour pur et authentique d'une jeune femme.
Quoi ? Du copié/collé ? Mais non, voyons !

Passages choisis.

- J'ai songé à bien des manières de vous torturer quand vous serez à ma cour, reprit-il. Si je vous forçais à apprendre à lire, est-ce que ce serait aussi douloureux que ça en avait l'air ce soir ?
Il s'évanouit dans l'ombre sans me laisser le temps de me jeter sur lui.


 
Certains me recherchent sans jamais me trouver ;
J'en embrasse d'autre qui, ingrats, me foulent aux pieds.

Je semble préfère l'intelligence et la beauté,
Mais je bénis les audacieux et les têtes brûlées.

Mes soins sont presque toujours d'une douceur indicible ;
Dédaigné, je deviens féroce et presque invincible.

Chacun des coups que je porte est puissant,
Et quand je tue, c'est toujours lentement. ..

 

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